Je ne te hais point |PV|

Il tournait en rond, comme un lion en cage pouvait le faire. Il était nerveux, et ce n’était pas la première fois depuis qu’il avait appris que Noah était sorti d’Azkaban. Il en avait peur, même s’il continuait de se penser supérieur à lui. La dernière chose dont il avait envie, c’était de se retrouver face à lui, mais bien sûr que ça arriverait un jour, et certainement plus tôt que ce qu’il voudrait. Des fois, il maudissait son ambition sans limite, et surtout son manque de discernement et de fidélité. Tout ça l’avait mené à quoi ? Un place à la tête de la famille Harrigton, mais ce n’était pas suffisant. Il avait trahi les siens pour une parcelle de pouvoir, mais il n’était pas aimé, contrairement à Noah. Il était peut être cruel et sadique, il n’en restait pas moins un grand vampire selon les autres Vampires. Il n’y avait que lui pour le voir comme il était, c'est-à-dire un monstre. Mais il avait beau savoir ça, il marchait tout de même dans ses pas. Peut être n’était il pas un vrai vampire après tout. Il n’était pas cruel, ni même violent par nature. Ce n’étaient que de simples apparences, tout comme un courage qui n’était que façade. Il secoua la tête, et posa sa tête contre sa fenêtre. Le contact froid de la glace sur son front ne le fit pas frissonner, sa peau n’étant guère plus chaude. Il resta dans sa position pendant quelques secondes, lorsqu’il vit une silhouette s’éloigner dans la nuit. Il pourrait la reconnaître entre mille, et il se sentit en colère sans réellement le vouloir.

Il n’avait pas à en vouloir à Emy de voir sortir, et pourtant il ne pouvait s’en empêcher. Elle était à lui, mais il était incapable de le lui montrer. Ca faisait 100 ans qu’il l’aimait, et autant qu’il le cachait. Pourquoi ? Encore et toujours par lâcheté, mais aussi et surtout parce qu’il était certain qu’elle était amoureuse de Noah. Encore et toujours lui, pourquoi tout devait toujours tourner autour du Vampire millénaire ? En tout cas, il la vit partir, et ne put résister à l’attraction, et décida de la suivre. Enfin, plutôt se rendit-il en ville, là où elle allait terminer sa course, il en était certain. Au passage, il croisa Nathanael, et il ne lui adressa d’ailleurs qu’un regard à peine. Il ne méritait pas plus de toute façon. Il était faible, rien de plus, tandis que lui était devenu plus fort. En fait il ne le haïssait pas, il le méprisait simplement. Il avança rapidement, et sortit dans la nuit. Il accueillit avec un certain plaisir la fraîcheur de l’extérieur. C’était peut être de ça dont il avait besoin, une sortie en ville. Et puis qui sait, peut être rencontrerait il une belle demoiselle qui lui servirait de diner. Il se rendit dans un bar de la ville, où il ne se rendait que peu. Il n’avait pas vraiment envie de se faire remarquer, il était un peu de mauvaise humeur et il fallait mieux l’éviter en fait. Il s’assit à une table plongée dans la pénombre, et commanda un martini. Il ne resta pas seul bien longtemps, mais après un regard vers la demoiselle qui l’avait apostrophé. Très jolie, mais il n’avait pas du tout envie de la voir partager sa table. Alors il l’envoya balader sans cérémonie, tandis que la porte s’ouvrait, laissant passer une belle blonde.

Il l’observa sans rien dire, pendant quelques minutes. Il la vit s’installer, échanger quelques blagues avec le barman et se faire accoster par un gars. Pathétique. Un sourire sinistre s’était installé sur les lèvres du beau jeune homme. Il hésitait sur la conduite à tenir. Devait-il aller s’incruster, et montrer au jeune coq que la demoiselle n’était pas pour lui. Ou alors devait-il ronger son frein dans son coin, et attendre son heure pour manger l’imprudent qui avait osé aller parler à celle qu’il aimait ? Avec un grognement de dépit, il se leva finalement, et avança vers le bar, son verre à la main. Il arriva derrière la belle blonde, et prit la parole d’une voix forte et pourtant calme :

« Bonsoir Emy, puis je t’offrir un verre ? J’ai peur que ton ‘compagnon’ n’ait de mauvaises intentions à ton égard. »

Et c’était certainement vrai. L’homme coulait des regards lubriques en sa direction, et pas besoin d’être expert dans les faciès humains pour s’en rendre compte. Il n’avait qu’une seule idée en tête, se la faire purement et simplement, et ça, Ethan ne pourrait le permettre…

Le visage se durcit quelque peu à la remarque de la demoiselle. N’avait il pas le droit de se balader ou bon lui semblait ? Après tout, s’il était resté dans la maison durant ces 5 dernières années, c’était surtout parce qu’il estimait qu’il n’avait pas à en sortir, mais si maintenant il décidait qu’il le devait, ce n’était pas Emy qui le ferait revenir sur sa décision. Surtout lorsqu’on voyait la compagnie qu’elle avait. Ignorant délibérément la question, il tourna un regard froid vers l’homme, tandis que la blonde reprit la parole. Il voyait le mal partout ? Non, elle était simplement trop naïve. N’importe qui aurait rembarré cet homme, mais pas elle, elle était bien trop gentille. Mais pas lui, enfin en apparence, c’était ce qu’il fallait entendre. Il se tourna complètement vers l’homme, et lui dit d’un ton sec, et tout aussi froid que ses yeux à ce moment là :

« Dégage de là, si tu ne veux pas perdre quelques dents… »
« Parce que tu crois que tu me fais peur, cette fille est à moi cette nuit mon pote… »

Ethan se retint à grand peine de libérer sa fureur face à la remarque murmuré du jeune homme. N’avait-il donc pas comprit qu’il n’avait aucune chance avec Emy ? Et quant bien même ce fût le contraire, Ethan ne laisserait pas se douce Emy se corrompre avec ce malotru. Alors il se pencha vers lui, et reprit du même ton murmuré que le type, bien que beaucoup plus glacial :

« Je crois que tu m’as mal compris, si jamais tu approches encore Emy, je te tuerais, et tu souffriras, soit en certain… »

Il affichait un sourire sadique, qui du achever de convaincre le type, qui s’en alla, non sans adresser un geste obscène de la main à Ethan, qui sourit, mais pas de satisfaction, mais plutôt d’autre chose. Une impression de puissance nouvelle se répandit en lui, qu’il n’avait pas ressenti depuis presque 5 ans, depuis qu’il avait prit le trône en fait. Il s’assit finalement, tandis que la belle se pencha vers lui, répandant ses mots comme un poison, même si Ethan était certain que ce n’était pas volontaire. Comment osait-elle parler de Noah devant lui ? Bien sûr, elle ignorait qu’à chaque fois ça lui faisait un mal fou. Comment pouvait il déclarer son amour pour elle tandis qu’elle se pâmait pour Noah. Encore et toujours lui. Le jeune vampire allait vider son verre d’un trait, lorsqu’il remarqua que le vide était entre les mains d’Emy, et complètement vide. Il douta finalement de l’innocence de la demoiselle, qui semblait tout faire pour le rendre furieux. D’ailleurs, il sentit sa mâchoire se crisper, tandis que ses dents sortirent de leur prison de chair. Cela ne dura que quelques secondes, et finalement, il réussit à rentrer ses dents, et répondit d’un calme presque olympien :

« Je ne savais pas que je devais justifier mes faits et gestes auprès de toi… Et pour répondre à ta seconde question, non je n’ai pas eut de nouvelles de Noah… »

Il avait laissé sa phrase en suspens, plus blessé qu’il l’avait tout d’abord imaginé. Mais finalement, il l’acheva, avec plus de venin dans la voix que ce qu’il avait voulu :

« Mais ne t’inquiètes pas, je suis sûr que dès qu’il sera réellement de retour, tu le sauras, et tu seras contente de retourner dans son lit… »

Il était injuste, et à vrai dire c’était la première fois qu’il libérait ainsi ses pensées secrètes. Jamais auparavant il n’avait énoncé ses inquiétudes quand à Emy. Il savait qu’elle était amoureuse de Noah, mais jamais il n’avait osé dire ce qu’il avait sur le cœur, et il l’avait dit avec tellement de bile que son secret serait certainement éventé. Il se maudit pour cela, et décida de prendre congé de la belle Emy. Ou pas. Il n’arriva pas à se défaire de l’emprise qu’elle avait sur lui. Il était comme aimanté à cette chaise, et s’il ne se reprenait pas vite, il allait devenir pire que de la guimauve. Finalement, il parla de nouveau, d’un ton bien plus neutre, et surtout, un ton de conversation, comme si rien n’avait été dit plus tôt.

« Et toi ? Ne sais tu pas qu’un bar comme celui-ci est le repère préféré des psychopathes et des pervers. »

Il se retint d’ajouter une remarque acerbe à propos de Noah, et finalement détourna le regard, vers le barman. Il demanda un nouveau Martini, sans se soucier de ce que voulait la belle. De toute façon, elle serait bien trop contente de piquer encore dans son verre puisqu’elle avait du voir que ça l’avait énervé…

Il l’écoutait à peine en fait, elle se défendait comme elle pouvait, mais ça n’était pas vraiment crédible en fait. Enfin pas pour le cœur blessé qu’il était. Qui pourrait réellement croire que l’homme était amoureux depuis si longtemps, mais qu’il se cachait toujours autant. Amoureux depuis qu’il avait vu sa photo, il ne l’avait jamais vraiment quitté depuis, mais ça, elle ne s’en était jamais rendu compte. Jamais elle n’avait remarqué qu’il avait été là durant toute sa transformation, qu’il avait été là lorsqu’elle attendait son mari disparu, ou qu’il l’avait emmené pour la garder avec lui. Et pourtant, il n’avait pu s’empêcher de devenir froid avec elle. S’il devait donner une raison, il dirait que c’était pour la protéger, mais en fait, la raison était bien plus profonde. C’était un lâche, doublé d’un imbécile. C’était pour ça que jamais il n’aurait Emy, et c’était pour ça que jamais personne ne le respecterait en temps que chef… Il secoua la tête pour chasser ses idées négatives, tandis que la belle reprit de nouveau la parole. Il sourit, comme si ça pouvait être aussi simple. Des fois, il donnerait n’importe quoi pour être un homme parfait, pour Emy. Aucun défaut, simplement quelqu’un qui puisse être pour elle. Ce qu’il n’était pas actuellement. Et tout portait à croire qu’il ne le serait jamais. Pourtant les quelques mots de la blonde était touchants pour lui. Comptait elle réellement sur lui, ou bien était-ce une boutade, comme d’habitude. Il choisit la seconde option, parce que c’était lui qui était parti sur une note moins dramatique, elle ne faisait que le suivre simplement. En tout cas, il ne répondit rien de plus que ce sourire, et remarqua avec joie que le barman l’avait servi. Le remerciant d’un signe de tête, il en but une gorgée, avant d’entendre la nouvelle remarque.

Oops, voilà un sujet glissant qu’il valait mieux ne pas évoqué. Et pourtant Emy le fit. Il y a 5 ans, le massacre des vampires, sa propre trahison, chose que tous ignoraient, enfin, c’était ce qu’il pensait. Enfin, si certains pouvaient avoir des doutes, aucune preuve ne pouvait être avancée. Sauf peut être qu’il n’était pas présent, mais il avait pour ça une bonne excuse de toute façon. Il ne répondit pas encore, conservant un silence étrange, qui contrastait avec son habitude. Enfin, elle termina, et s’il ne s’y était pas préparé, certainement qu’il se serait désarçonné, et pourtant, aucune émotion ne vint transparaître sur son visage. C’est d’une voix calme qu’il prit la parole :

« J’y étais, mais je n’étais pas avec vous tous. A un moment de l’attaque, j’ai été isolé, et après, comme tous je me suis enfui… »

Il avait les yeux vagues, comme s’il se souvenait d’un épisode affreux. Et pourtant, c’était simplement une comédie. Il savait qu’elle le croirait de toute façon, mais il s’en voulait de lui mentir. Mais il ne pouvait détruire le peu d’estime qu’elle éprouvait pour lui. Si jamais elle venait à savoir ce qu’il avait fait, elle ne le regarderait certainement plus, en parti d’ailleurs parce qu’il serait mort, mais bon, il ne fallait pas y penser… Soudainement, il se rendit compte qu’il devait faire comme s’il était en colère, pour conserver le peu de crédibilité qu’il avait à ce moment :

« Est-ce que tu serais en train d’insinuer que j’aurais une quelconque responsabilité dans ce qu’il s’est passé ? As-tu si peu confiance en moi ? Je sais que je ne suis pas forcément un bon chef, mais t’ais je donner une seule fois une raison de ne pas me faire confiance ? »

Il avait haussé le ton, si bien que quelques têtes s’étaient tournées vers lui, mais il ne les remarqua pas. Tout ce qu’il voyait, c’était qu’elle ne lui faisait pas confiance. D’une colère feinte, il s’était réellement énervé, enfin pas vraiment. Disons plutôt qu’il se rendait compte qu’il avait mal qu’elle puisse penser du mal de lui, même si c’était justifier somme toute.

« Je n’arrive pas à y croire… »

Sur ces quelques derniers mots, il se leva brusquement, déposa quelques livres sur le comptoir, et se dirigea vers la porte. Et à peine l’eut il franchit qu’un poing entra en contact avec sa mâchoire. Tout à sa colère, il ne l’avait même pas vu venir. A croire que l’autre type n’avait pas vraiment apprécié de se faire rabrouer en public. Il tenta d’ailleurs de lui donner un nouveau coup, mais Ethan intercepta son poing d’une main, et attrapa la gorge de l’autre. Il y avait trop de témoins, il ne pouvait pas le tuer… Quoiqu’il en soit, il se retourna vers le bar, qu’il voyait par la porte ouverte, et son regard croisa celui d’Emy. Il le détourna bien vite, et balança le type. En quelques secondes, il était à côté de lui, et il lui murmura :

« Tu t’attaques à beaucoup trop grand, tu as de la chance qu’il y ait du monde dans le coin, sinon tu serais déjà mort… »

Il se rendit compte d’une chose, Emy avait demandé une explication, mais n’avait pas voulu l’accuser pour de vrai. Elle avait voulu une confirmation qu’il n’avait rien fait, parce que quelqu’un lui avait mis dans la tête que ça pouvait être lui. Une colère nouvelle s’empara de lui, et il entra de nouveau dans le bar, en trombe, se dirigeant rapidement vers Emy :

« Pourquoi doutes-tu soudainement de moi, Emy ? »

Elle ne lui répondit pas, et Ethan commença à se sentir réellement en colère. C’est vrai quoi, pourquoi était ce elle qui doutait de lui ? Enfin, il n’eut pas vraiment le temps de se poser la question puisqu’elle l’attrapa par le bras, et l’emmena dehors. S’il l’avait voulu, il aurait résister, mais la perspective d’avoir un tête à tête avec Emy l’enchantait. Enfin, ça ne dura que quelques secondes, avant qu’elle ne déverse son flot de parole. Des reproches, et encore des reproches… Depuis quelques temps, elle n’avait que ça à la bouche, des fichus reproches. Venant d’elle, cela lui faisait réellement mal. Si n’importe qui d’autre lui faisait remarquer qu’il n’était pas un bon chef, il l’ignorait, ou bien alors se contentait de lui lancer un regard méprisant. Mais quand ça venait d’elle, il s’imaginait que c’était parce qu’il n’était pas assez bien pour elle, alors forcément quand on aime cette personne ça la fout mal… Il le regarda tourner les talons, constatant qu’il s’agissait encore une fois d’une rencontre désastreuse entre eux, comme d’habitude. Quand cela changerait il ? Irrité, il avait complètement oublié sa précédente question, et ce n’était pas forcément quelque chose de bien. Pour qu’Emy doute c’était qu’il avait fait une erreur quelque part, mais sa colère avait prit le dessus, et il ne pensait plus à ce qu’il avait demandé quelques minutes plus tôt.

Il faillit lui courir après, avant de se dire qu’elle se retournerait vers lui, enfin il l’espérait. Soudain, il reprit conscience de sa question d’avant, et qui concernait cette fameuse nuit d’il y a quelques années. Il aurait aimé mettre dans la confidence Emy, et même Alek, mais il n’avait pas oser, les croyant tous deux bien trop accrochés à Noah. Et pourtant, il avait eut peur pour eux deux, et c’était d’ailleurs les seuls. Les autres, n’étaient rien pour Ethan, mais son ami et celle qu’il aimait l’avait inquiété. Ils avaient tous deux survécus, mais il avait perdu Alek avec sa prise de pouvoir, et Emy n’était pas loin de s’éloigner elle aussi… Il remit les pieds sur terre lorsqu’il vit la main de la belle blonde passer devant ses yeux. Ses paroles ne lui firent aucun effet, et il leva les yeux exaspéré vers le ciel. Il n’avait pas le moindre intention de s’en aller.

« Je ne rentrerais pas maintenant, et certainement pas parce que tu veux te cacher… J’ai rien fait à ce type, sauf la peur de sa vie… »

Il croisa les bras devant sa poitrine, avant de reprendre sa précédente question. Il voulait savoir s’il avait fait une erreur, et si oui laquelle. Il devait se protéger, tant pis s’il devait se briser le cœur à mentir à Emy.

« Tu ne m’as pas répondu, pourquoi doutes tu de moi ? »

D’une certaine façon, il s’en voulait de l’agresser ainsi, mais il n’avait pas le choix. Si l’affaire s’ébruitait, il serait pire que mort il le savait. Noah avait perdu Gillian dans cet affrontement, et forcément il ne lui pardonnerait pas. Enfin bref, il ne fallait pas y penser maintenant, personne ne le saurait jamais. Après tout, il cachait ce qu’il était réellement depuis tellement d’années que de toute façon il lui serait facile de mentir encore plus. Une fois de plus, il se demandait comment il se serait sentit si Emy était morte cette fameuse nuit. Comment se regarder (hypothétiquement) dans un miroir lorsqu’on tue sans le vouloir celle que l’on aime ? Il secoua la tête une nouvelle fois, pour ne plus y penser, et reprit une dernière fois la parole :

« Emy… »

Il ne rajouta rien, se contentant de passer sa main sur la joue de la demoiselle. Il voulait se persuader que c’était une façon pour qu’elle continue de lui faire confiance. Mais à vrai dire, il voulait se laisser un peu aller, et surtout un peu se sentir mieux. Il espérait cependant qu’elle croit qu’il agissait comme ça par dessein, c’était plus simple pour lui. Au mieux, elle croirait qu’il agissait comme avec les autres femmes, et qu’il n’était pas sérieux. Au pire, elle penserait qu’il ne voudrait que l’amener à lui faire confiance… Tout ce qu’il espérait, c’est qu’elle ne croit pas que c’était par plaisir, même si c’était le cas. Et toutes ces manipulations, simplement pour une caresse…

Elle n’y avait pas résisté, il l’aurait parié. Aucun vampire, même du genre d’Emy, ne pouvait résister à l’appel du sang. Il eut une légère tension lorsque la demoiselle s’empara de ses mains, et un frisson le parcouru lorsque ses lèvres se pressèrent contre le dos de sa main. Elles étaient toujours aussi douces, et il ne se lasserait pas de les sentir contre sa peau. Rien que pour ça, cela valait le coup de tenter la belle Emy à des choses qu’elle s’interdisait. Elle repoussa finalement sa main, mais ne la quittant pas des siennes pour autant. Il appréciait ce contact qui se prolongeait entre eux, et voudrait presque que ça dure toujours. Il entendit ses murmures, mais un sourire s’était inscrit sur ses propres lèvres. Il sentait le doute chez Emy, et le savourait, parce qu’il arriverait peut être à la faire changer de bord, et ce le plus rapidement possible.

En tout cas, il posa sa seconde main contre l’enlacement des autres, pour l’empêcher de s’enfuir, tandis qu’elle reparlait. Non, il ne la laisserait pas repartir maintenant. Il allait lui demander de le mordre lui, et pour ça, il allait vraiment jouer au salaud. Ca lui brisait en quelque sorte le cœur qu’il n’avait plus, mais il fallait cela pour sauver Emy de son côté herbivore. Il ne l’aurait pas fait ce soir s’il ne s’était pas écorché, mais maintenant que c’était lancé, il ne fallait plus s’arrêter. Il déplaça sa main un peu, pour pouvoir effleurer des ses lèvres les mains froides de la demoiselle. Un frêle baiser, comme pour se faire pardonner à l’avance de ce qu’il allait faire… Finalement, il prit la parole d’un ton suave et mielleux, de celui le plus hypocrite du monde, mais que pourtant tout le monde croit. De celui qui donnerait envie de se damner pour pouvoir l’entendre de nouveau.

« Tu sais ce qui ne va pas Emy ? Tu es affamée voilà tout… »

Il déplaça sa main supérieure pour qu’elle vienne effleurer d’une caresse l’avant bras d’Emy, avant de reprendre rapidement, avec ce même ton tellement agréable à l’écoute.

« Je sais ce que tu aimerais… Tu voudrais mordre mon cou, et te délecter de mon sang. Tu aimerais laisser ressurgir ton envie. Tu voudrais simplement pouvoir te lâcher pour une fois…. »

Il se tut de nouveau, pour savourer son petit effet, avant de reprendre de nouveau, toujours du même ton, tandis que les yeux de la demoiselle ne cessaient de s’assombrir, pour révéler toute l’étendue de son envie. Il n’était plus loin de son but, et il ferait tout pour qu’elle le morde…

« Mais tu as peur, de révéler au monde ta faiblesse. Ou peut être plus encore as-tu peur de me révéler ta faiblesse. Je te promets que je garderais le secret… »

Alors il se baissa, jusqu’à arriver sur ses genoux. Il révélait avec malice et facétie sa nuque, si appétissante pour un Vampire affamée, comme pouvait l’être Emy à ce moment là. D’ailleurs, il continua son petit jeu, et passa son doigt le long de sa jugulaire, conscient qu’elle ne pourrait certainement pas détacher son regard de ce doigt qui parcourait sans le savoir une source inépuisable de bonheur, mais de danger aussi. Il savait que la belle ne voulait pas vraiment le mordre, et c’est pour ça qu’elle lui en voudrait, mais Ethan lui ne se sentirait pas coupable, c’était certain. Tout pourvu de ne plus avoir d’herbivore dans le groupe… Finalement, vint l’injonction meurtrière, comme si elle n’attendait que de sortir :

« Mords-moi, maintenant!!! »

Il sentit les dents de la demoiselle fendre sa chair, tandis qu’il resserrait ses bras autour d’elle. Il voudrait pouvoir la tenir ainsi pour toujours, mais il savait que ça ne serait pas le cas. Lorsqu’elle se sera rassasiée, elle lui en voudra, et tout changera de nouveau. Quoiqu’il en soit, il la laissa faire ce qu’elle voulait de son corps, tandis qu’il sentait son sang se diriger vers le lieu de la morsure, ses forces en faisaient d’ailleurs autant. Il restait plus fort que n’importe quel humain, mais il était un peu affaibli, et pendant quelques secondes il hésita à l’éloigner de lui, pour sa propre santé, mais elle le fit d’elle-même. Un certain sourire s’était inscrit sur ses lèvres, il avait réussi à faire ce qu’il voulait faire, et elle l’avait mordu, presque d’elle-même. En plus, elle restait contre lui. En gros, tout allait bien à cet instant. Bon, d’accord, ils étaient couverts de sang, et si quelqu’un les surprenait maintenant ça pourrait être difficile d’expliquer ce qu’il se passait, mais bon, peu lui importait. Tout ce qui comptait, c’était qu’il tenait Emy contre lui, et il avait presque l’impression qu’ils étaient heureux.

Soudain, elle l’embrassa, sans qu’il sache réellement pourquoi, mais il apprécia, qui ne l’aurait pas fait. Remerciement ou simple égarement, le fait est que ça ne dura pas vraiment longtemps, et rapidement, Ethan fut frustré par la demoiselle. Il aurait aimé aller plus loin, beaucoup plus loin, mais il ne le ferait pas, il ne pouvait pas le faire. En tout cas, il resta stoïque, tandis qu’elle posa sa joue contre son épaule, et qu’elle prit la parole. Il avait déjà promis qu’il ne le dirait pas, mais à priori cela importait peu. Il se refrogna quelque peu, avant d’hocher la tête lentement. Elle ne le ferait pas, mais le sentirait, c’était bien suffisant. Et encore, elle reparlait, lui demandant pourquoi il avait insisté. Il ne lui répondrait pas, ce n’était pas nécessaire qu’elle le sache. Une simple question de fierté en fait, plus qu’autre chose. Avoir une herbivore dans la famille n’était qu’une tare, et il voulait s’en débarrasser voilà tout. Alors il se sentit brusquement un peu coupable. Il avait cru faire ça pour de bonne raisons, mais ça n’était pas le cas.

Il se dégagea alors légèrement de l’étreinte de la demoiselle, avant de se relever. Il sortit un mouchoir de sa poche et essaya la zone où elle l’avait mordu, pour se débarrasser de toute trace de son propre sang. Enfin, son sang mélangé à de nombreux autres, toutes ses victimes. D’ailleurs, il avait maintenant extrêmement faim, mais c’était prévisible. Il se nourrirait plus tard, même si ses pupilles étaient en train de devenir noire. Il saurait se retenir un peu, le temps de finir cette entrevue avec Emy. Finalement, il prit la parole, décidant de répondre une banalité affligeante :

« Parce que c’est dans ta nature de te nourrir de sang humain Emy. »

Il haussa les épaules légèrement, tandis qu’il passa la main dans ses cheveux, pour enlever l’épi que la demoiselle avait mit sans le faire exprès. Il savait que ce geste pouvait être affriolant, et il appréciait toujours être le centre de l’attention. Enfin bref, il se pencha vers Emy, et lui caressa la joue, tout en disant :

« Tu as vu combien c’est agréable de se nourrir de sang normal. Ou même de mon sang… Si ça peut te faire changer, je veux bien t’offrir mon sang tous les jours… »

C’était un peu égoïste, parce qu’en fait ce qu’il voulait réellement c’est qu’elle soit contre lui comme elle l’avait été quelques secondes plus tôt. Il voulait la sentir contre lui, et il voulait qu’ellle soit proche de lui, comme il le voudrait. En fait, il était en train de la manipuler pour qu’elle tombe dans ses bras, pour qu’il puisse se déclarer. C’était un peu mesquin comme attitude, mais jamais Ethan n’avait appris à faire autrement, alors il continuait comme ça. Encore une chose qu’elle ne devait jamais apprendre…

Elle était furieuse contre lui, et c’était plutôt compréhensible. Il l’avait un peu forcé à faire ce qu’elle venait de faire, et si ce n’était pas contre son gré, c’était tout comme. Elle parla, et il se sentit touché par ses paroles. Il aurait bien aimé qu’elle le morde de nouveau, rien que pour sentir de nouveau son corps contre le sien. Enfin, ça arriverait certainement de nouveau, il fallait simplement l’espérer. Pour le moment, elle était en colère et elle lui en voulait de l’avoir fait tomber dans son piège, mais il savait que bien rapidement, elle reviendrait vers lui. Bon, il n’était sûr de rien, mais aimait le penser en tout cas. Elle se releva, et lui tourna le dos rapidement. Il aurait aimé la prendre dans ses bras, mais ses quelques acerbes paroles le heurtèrent de plein fouet. Une fois encore, il avait tout gâché entre eux. A croire que tout ce qu’il entreprenait était voué à le décevoir à un moment donné. Quoiqu’il en soit, il la regarda s’éloigner un peu, et ne pu s’empêcher de s’exclamer :

« Je… »

Rien de plus, à quoi ça pouvait servir ? Elle avait parfaitement raison, il s’était joué d’elle une fois de plus, avec les conséquences que ça impliquait. Il se tourna lui aussi, et entra dans le bar une fois de plus. Ses pupilles avaient retrouvées une couleur presque normale. Enfin, beaucoup plus foncée que d’habitude, mais au moins ça n’était plus noir. Le barman le vit, et lui resservit un nouveau martini, comme si c’était un habitué. Bah, après tout c’était bien ce qu’il voulait voir. Soudain, le type qui voulait Emy et qui finalement avait voulu frapper Ethan s’assit de nouveau à côté de lui, tandis qu’il entamait son nouveau verre.

« Alors, la fille t’a laissé hein ? Normal, c’est pas avec ton physique de gamin que tu peux garder les belles filles… »

Il se tourna vers lui, un sourire sardonique sur le visage, ses pupilles qui redevenaient noire. Cet homme l’horripilait depuis déjà trop longtemps, il était temps qu’il serve à quelque chose, un repas…

« La leçon de tout à l’heure ne t’as pas suffit mec ? »
« Eh les gars, allez dehors, j’veux pas de grabuge ici… »

Ethan se leva, et après avoir vidé son verre d’une traite, et posé une livre sur le comptoir, il sortit du bar, presque immédiatement suivi de l’homme. Il alla vers une ruelle, et là se jeta sur lui violemment. Il posa sa main sur la poitrine de l’homme, le maintenant avec force contre le mur, tandis qu’il se rapprochait de sa jugulaire :

« C’est l’heure de mourir… »

Et là il le mordit, et le vida de son sang… Demain, ils retrouveront le corps, et se demanderont ce qui s’était passé… Ethan lui, était rentré chez lui, et se posant devant sa fenêtre, là où il était avant d’avoir vu Emy, il murmura d’un ton las :

« Laisse-moi une chance Emy… Je t’aime tellement, mais tu… »

Brusquement, il tapa dans la vitre, la brisant d’un seul coup. Il ne faisait qu’accumuler les fautes avec Emy, et les autres… Et pourtant il continuait ! Se laissant tomber à genoux, il reprit pour lui-même :

« Tant de secrets qui me détruisent, et je ne peux même pas me laisser à aimer… Super Ethan, t’es un gagnant c’est sûr… »

Et enfin, il s’assit, dos contre le mur, et mit sa tête entre ses mains, et ne bougea plus…